Trekking Pralognan - Refuge de la Valette (Hauts de la Vanoise)

Date de l'étape : 08 août 2018

Altitude maxi : 2590 m

Dénivelé + : 1190 m

Durée : 6h30

Après une nuit à Pralognan-la-Vanoise au chalet « La Chèvrerie », je partis tôt le matin pour mon premier jour de mon circuit itinérant sur les hauts cols de la Vanoise. Cette nouvelle aventure pédestre s'est réalisée en solitaire, de refuge en refuge, en semi-autonomie sur 5 jours et une demi-journée pour mieux conquérir les sommets.

En début de matinée, on me déposa en voiture à l'entrée de la vallée pastorale de Chavière, en bordure de Pralognan. Armé de mes bâtons de marche et épaulé par mon sac-à-dos 70 litres, me voilà en chemin pour le hameau pittoresque des Prioux, première étape de la journée. Un chemin de randonnée permet d'accéder à la vallée de Chavière. Successivement, il traverse les hameaux de Cholière et des Prioux, aux portes du Parc national de la Vanoise.

Je suivis ainsi le sentier du Jardin des Panoramas menant le long du Doron de Chavière. À l'approche d'une clairière, sur la rive opposée de la forêt d'Isertan, apparaît un chalet aux boiseries rouges évoquant "Blanche Neige et les Sept Nains". Il ne suffit que d'un bond pour atteindre une butte boisée de résineux dominant le plateau et le hameau de Cholière, qui accueille un habitat temporaire fréquenté quelques jours par an à la montée des troupeaux en alpage, puis à la descente. Au-delà du plateau, s'étend la prairie de Cholière qui, en jetant un œil en arrière, donne l'occasion de contempler le formidable panorama s'élargissant sur la Grande Casse, le Mont Bochor et le Grand Marchet.

Une route pastorale mène au hameau des Prioux (1715 m) dans une combe verdoyante entre deux couloirs d'avalanche. Le village touristique exhibe ses maisons traditionnelles en pierre aux toits de lauze. Au milieu des pâturages et au cœur de l'alpage, se trouve aussi la Fromagerie des Prioux où est encore fabriqué le Beaufort d'Alpage de façon artisanale et traditionnelle. Ce fromage de vache à pâte cuite et pressée, à croûte morgée (salée et frottée), n'est produit qu'avec du lait de vache de race Tarine ou Abondance, nourries exclusivement d'herbe et de foin. Il est souvent proposé dans les refuges d'altitude.

Je pris quelques instants de repos pour engloutir des figues au bord du Doron de Chavière, où s'agitent truites farios, truites arc-en-ciel et saumons de fontaine. Je connaissais déjà le hameau des Prioux par cœur, ayant arpenté ses rives et ses balades familiales en de nombreuses occasions, en solitaire et en groupe. Cependant, mon retour en ces lieux chargés d'histoire était de découvrir une nouvelle facette de la vallée, en prenant davantage de hauteur. Un brin de fraîcheur soufflait Sud-Est. Au-delà du Doron de Chavière, le ciel azur se voilait peu à peu de nuages gris sans en être alarmant.

De nouveau en route, j'allais enfin entamer ma première ascension de mon circuit : 800 mètres de dénivelé positif ! Au départ du parking des Prioux, en rive droite du Doron de Chavière, un panneau indicateur est implanté au début du sentier menant au cirque des Nants et au refuge de la Valette, ma destination du jour. Une montée, raide et en épingle, s'enfonce dans une forêt d'Arcosses, nom local donné aux aulnes verts. À une courbe, un large panorama se déployait sur la longue vallée pastorale de 13 kms restée vierge de toute construction moderne. Depuis ce belvédère enchanteur, le hameau des Prioux se sublimait sous un soleil éclatant, tandis qu'une centaine de mètres en amont se dressait le Petit Mont Blanc (2677 m), reconnaissable par son dôme arrondi et sa couleur farine due au gypse.

En me dirigeant vers l'Est et m'éloignant de la vallée du Doron de Chavière, je m'approchai du vertigineux Couloir des Nants, un des deux principaux couloirs d'avalanche des Prioux. Tandis que les arbustes s'évanouissaient derrière moi, une ceinture rocheuse commençait à apparaître en face. À une intersection, un panneau indiquait Montaimont à droite et la Valette à gauche. Ce dernier sentier permet de traverser une passerelle enjambant le torrent des Nants en furie, avant de rejoindre le chalet des Nants en amont (2190 m). Ici, une bâtisse en pierre tombait en ruine. Pourtant elle reste un abri idéal en cas d'orage impromptu. Je me permis un instant de pause pour souffler et déjeuner. L'an dernier, j'avais fait halte au même endroit au départ de la Valette pour rejoindre Montaimont. À cette heure, les deux tiers de l'étape étaient réalisées. Le chemin se poursuivait dans une zone à Rhododendrons, laissant place à une pelouse alpine et entrecoupée par d'autres sentiers. J'empruntai celui qui s'élevait sur une piste étroite et aérienne, en surplomb de la combe de Chavière. Au fond de la vallée, se déployait un large panorama sur les Aiguilles de Pléclet (3562 m) et de Polset (3528 m), encadrant le glacier de Gébroulaz qui s'enfonçait dans une couronne nébuleuse.

À la hauteur du cirque des Nants, je scrutais encore le ciel : une barre nuageuse effaçait peu à peu le bleu azur pour le remplacer par une teinte davantage grisonnante. Un brin de fraîcheur soufflait dans ce paysage à découvert, facilement soumis aux perturbations atmosphériques, brisant la monotonie des cascades d'altitude. Vue glacée sur le front du glacier des Sonnailles.

Dorénavant, le sentier de montée longeait une partie du Couloir des Nants. Emmitouflé dans une veste polaire à capuche, je pressais le pas : le tonnerre venait de vibrer, le ciel continuait à s'assombrir et la moiteur de l'air confirmait une averse prochaine. De brefs éclairs jaillissaient de toutes parts dans le lointain, rendant le relief montagneux sombre et inquiétant. En sens inverse, je croisais des familles en marche active, certainement pour éviter la dégringolade céleste qui s'annonçait imminente. Moins d'une heure après, les premières gouttes se déversèrent en trombe. L'arrivée à une croupe herbeuse conduisit directement au refuge de la Valette (2590 m), assemblement de trois petits chalets distincts posés sur la montagne, sous les regards protecteurs du Roc de la Valette et du Dôme des Sonnailles. Le glacier de la Grande Casse veillait au loin.

Après avoir signalé ma présence au chalet principal et signé à un registre d'accueil, je déposai mes affaires au chalet-dortoir, sous un ciel plus clément mais toujours humide. Je me permis une sieste d'une heure, malgré le remue-ménage des autres pensionnaires venus s'abriter. Dans l'attente du dîner, je partis dehors à la découverte des environs, le ciel toujours chargé d'électricité. 50 mètres en amont du refuge, se détachent les ruines éventrées de l'ancien refuge du Lac de la Vieille Femme, entouré de Linaigrettes. Il date de 1899 et comportait 4 pièces : au rez-de-chaussée, une pièce pour le gardien et une écurie pour les mulets et, à l'étage, deux pièces munies de lits de camp, réservées aux touristes. Une averse de grêles me contraignit à me mettre à l'abri sur le seuil, malgré la disparition entière du toit. Après un détour au lac du Pic de la Vieille Femme, sous le promontoire des glaciers de la Vanoise, je revins au refuge de la Valette, régulièrement fréquenté par des poules très photogéniques, véritables propriétaires des lieux.

Sitôt le dîner terminé, nous étions plusieurs à faire une balade à l'extérieur en dépit du froid. À proximité, une dizaine de tentes délimitait la zone autorisée de bivouac. Rapidement, une harde de bouquetins se rendit visible le long de la face rocheuse du dôme des Sonnailles, venus s'ébattre ensuite près du lac de la Valette. Certains sont équipés d'un collier-émetteur GPS, permettant le suivi des bouquetins des Alpes dans le Parc de la Vanoise ; celui pris en photo avec le collier rouge s'appelle HYPPIE ! Une première journée riche d'émotions et de saveurs sucrées, pour une première nuit au plus près des étoiles !

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15-09-2018

Pralognan-la-Vanoise - Les Prioux - Refuge de la Valette (2590 m)

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