Sur les crêtes du Petit et Grand Luberon à pied

Date du circuit : Septembre 2022

Organisateur : En solitaire

Randonnée avec portage partiel

Randonnée en itinérance, en liberté

Activités : Randonnée

Chaînes et massifs montagneux : Luberon

Sentiers GR6, GR9, GR97

Ecosystème : Montagne

Nombre de jours : 5 jours

Le massif du Luberon est un massif montagneux peu élevé qui s'étire d'ouest en est, sur 60 kilomètres de long, à cheval entre les départements des Alpes-de-Haute-Provence et du Vaucluse. La ville d'Avignon fait office de repère géographique dans une Provence attachée à ses traditions. Le Luberon désigne aussi les vallées et les villages qui entourent le massif. En terme de randonnée, le Tour du Luberon est le plus connu avec des variantes de 4 à 10 jours. En vélo ou à pied, il est possible de découvrir ce territoire de long en large en suivant les GR et les nombreux GRP. Les sentiers les plus utilisés sont les GR4, GR6, GR9 et GR97. Le cœur du Luberon se confond parfois avec les paysages décrits par Marcel Pagnol, ce qui explique que plusieurs films racontant ses souvenirs d'enfance ont été tournés dans le Vaucluse.

En août 2020, je suis parti à la découverte du Nord Luberon au départ de Fontaine-de-Vaucluse jusqu'au village perché de Viens, en 4 jours de marche, à travers le massif des ocres du Luberon en Provence. Dans cette continuité, j'ai pris les mêmes points de départ et d'arrivée pour sillonner le Sud Luberon, en 5 jours de randonnée entre le Petit et Grand Luberon. D'une certaine manière, j'ai construit mon propre tour du Luberon, en deux parties. La particularité ici est de m'être éloigné parfois du GR97, qui arpentent les pentes, afin de suivre plus particulièrement les crêtes du Petit et Grand Luberon. Là-haut, le panorama sur toute la Provence et les Alpes est grandiose par temps clair !

Attention : la signalisation dans le Luberon laisse à désirer. Les marques GR sont parfois effacées, voire camouflées derrière des arbres ou inexistantes. Il arrive que cela est du à des actes de malveillance ou à de l'usure. Il est fortement conseillé de se munir d'un topo-guide qui retrace chaque étape, en plus d'une carte IGN et éventuellement d'une boussole. Sinon, le risque est de prendre un mauvais chemin et de se retrouver dans un village opposé à celui prévu.

Sommaire : Sur les crêtes du Luberon

Jour 1 : L'Isle-sur-la-Sorgue - Fontaine-de-Vaucluse - Robion
Jour 2 : Robion - Oppède-le-Vieux - Ascension du Petit Luberon - Lauris
Jour 3 : Lauris - Lourmarin - Cucuron
Jour 4 : Cucuron - Ascension du Mourre Nègre - Vitrolles-en-Luberon
Jour 5 : Vitrolles-en-Luberon - Céreste - Viens
Trace GPS
Informations pratiques
Carte postale
Publications Facebook

Jour 1 : L'Isle-sur-la-Sorgue - Fontaine-de-Vaucluse - Robion

Dénivelé + : 331 m
Dénivelé - : 268 m
Distance : 21 kms
Maison d'hôtes « Fa-mille »

Dès le petit matin, je quitte Avignon où je vis pour me rendre sur mon lieu de départ, à L'Isle-sur-la-Sorgue, la capitale des antiquaires. À la descente du TER, je traverse le centre-ville pour m'éloigner vers le Nord-Est et récupérer en amont une portion du canal de Carpentras, situé entre le Mont Ventoux au Nord et les Monts de Vaucluse à l'Est. Un sentier de terre, sans dénivelé, longe le canal par la droite pour prendre la direction d'un aqueduc. Seuls les promeneurs et les coureurs matinaux troublent le silence de ce chemin de halage, bordé par des pins et des oliviers, parfois agrémenté de jolis ponts en pierre. L'unique inconvénient est qu'il traverse le golf de Saumane. Comptez environ une heure et trois kilomètres, avec vue sur les escarpements rocheux qui surplombent Fontaine-de-Vaucluse, pour arriver au pont-aqueduc de Galas, sous lequel coule la rivière de la Sorgue. Aérien, au-dessus d'une départementale, l'ouvrage d'art datant de 1857 permet de gagner rapidement les abords de Fontaine-de-Vaucluse, située dans une vallée close, sous une falaise de calcaire et au pied des Monts de Vaucluse. La ville est aussi connue pour son gouffre et sa fontaine aux eaux couleur émeraude, où la Sorgue prend sa source.

À 100 mètres environ avant le centre du village, il faut bifurquer au poteau "Les Bastides" pour prendre un chemin qui s'élève jusqu'à la route touristique de Gordes. À hauteur du poteau "Font de l'Oule", c'est ici qu'on récupère le GR97, sentier qui fait le Tour du Luberon. À gauche, une piste remonte le vallon de la Fontaine de l'Oule pour sillonner le Nord Luberon. C'est ce que j'ai fait deux ans plus tôt. Cette fois, mon aventure se poursuit plus loin sur la route de Gordes jusqu'au poteau "Valette" signalé rouge blanc. Le sentier balisé s'éloigne enfin de la route pour s'enfoncer dans un sous-bois en remontant une combe. Pour une fois, je croise du monde en sens inverse. Rare à signaler ! Je verrai très peu de visages au cours de la journée. Si vous appréciez la solitude, vous serez servi !

Plus haut, le sentier caillouteux quitte les sous-bois pour s'ouvrir sur de nombreux cèdres. Le paysage devient en partie calcaire : je commence à avoir des vues sur des grottes creusées dans les falaises rocheuses, façonnées par l'eau à l'ère secondaire. J'accède rapidement en haut du Vallon des Esperacons, où trône un cairn immense, qui aboutit aussitôt à une bifurcation balisée Citerne. De là, des pistes carrossables balisées PR se croisent au sommet d'une colline boisée, avec en arrière plan la ligne de crête du Luberon. Mon objectif pour les prochains jours !

Une fois les yeux rassasiés sur ce vaste panorama sur les Monts de Vaucluse, le massif du Luberon et les villages du Vaucluse comme Gordes ou Bonnieux, il faut gagner désormais le sentier historique du Mur de la peste. En 1720, pour se prémunir d'une épidémie de peste qui sévissait mortellement dans le Sud Luberon, un mur en pierres sèches de 2 mètres de haut et long de 25 kilomètres est érigé entre Monieux et Cabrières d'Avignon. Aujourd'hui, les vestiges de cette muraille est aménagée en balade pédestre. Ce parcours de 1 km au milieu des cèdres et de la garrigue, parsemée de bornes et de stèles explicatives sur l'histoire de ce rempart sanitaire, mène doucement sur un flanc de montagne au-dessus du village Cabrières d'Avignon. C'est plus en contrebas sur une pente douce qu'on quitte la colline et la pinède ; on retrouve aussi le vacarme étourdissant des voitures en traversant la départementale D900. Si vous avez du temps, faîtes un détour à gauche au Musée de la Lavande, à Coustellet, pour découvrir l'histoire de la lavande de Provence.

La suite de la randonnée du jour se fait à travers une plaine relativement peu vallonnée, sur des chemins à peine fréquentés et éloignés de la circulation abondante. C'est ainsi jusqu'à Robion, petit village posé au pied Ouest du Petit Luberon et traversé par la départementale D900, à proximité de Cavaillon. Occasion de découvrir une partie de la face rocheuse de mon ascension du lendemain.

À l'origine, j'avais prévu de passer une nuit dans un des villages qui bordent le côté Nord du Luberon pour avoir moins de route à faire le lendemain ; à regrets les hébergements sont onéreux et peu adaptés aux randonneurs. Il y a bien un camping à Maubec, mais il accueille surtout les groupes à partir de trois personnes. Robion était donc la seule alternative. Après une pause à l'ombre à l'entrée du village, je continue sur l'allée des Maronniers, puis différentes ruelles avant de frapper à la porte de la maison d'hôtes « Fa-mille », située derrière le Café de la Poste.

La dame, gentille, me montre à l'étage ses chambres, toutes décorées selon une thématique propre à chacune : chambre Disney, chambre Coquelicot, chambre Lavande, chambre mansardée et chambre d'antan. Elle m'a placée dans la chambre Disney, avec le mur peint en bleu flashy et le plafond constellé de petits nuages ! Plusieurs évocations à Disney ornent le papier peint et les meubles, mais aussi la literie avec Pocahontas et avec Minnie et Blanche Neige en coussin. Féérique ! Pour passer une nuit insolite dans un univers débordant de magie, vous serez conquis ! Et pour ajouter une dose exotique à cette ambiance envoûtante, la soirée a été animée par un concert de cigales grâce à la fenêtre ouverte.

Jour 2 : Robion - Oppède-le-Vieux - Ascension du Petit Luberon - Lauris

Dénivelé + : 707 m
Dénivelé - : 580 m
Distance : 22 kms
Gîte d'étape du Mas de Recaute

Mon réveil dans le monde merveilleux de Disney prend fin dès l'aube. Pour les routards, le petit-déjeuner de la maison d'hôtes « Fa-mille » est proposé en libre-service grâce à un plateau-repas préparé la veille. Une longue journée de marche m'attendait : je devais gravir le Petit Luberon par le côté Nord, sillonner la crête, puis basculer sur l'autre versant par le côté Sud. À l'extérieur, le village est encore dans l'ombre mais avec un ciel clair : la journée s'annonçait rayonnante et chaude. Le clocher de l'église sonne les 8 heures à mon approche.

Pour récupérer le GR6-GR97, il faut revenir sur ses pas dans l'allée des Maronniers jusqu'au poteau "Cimetière de Robion". Le chemin de la Glissette, qui fait le tronçon entre Robion et Maubec, se fait sous couvert d'arbres en formant un tunnel végétal. À travers le feuillage, le soleil diffuse ses rayons et ainsi éclaire mes pas sur un kilomètre. À part une voiture et quelques vélos matinaux croisés, cette portion de route se réalise en complète solitude. Avant un carrefour, un sentier à droite pénètre dans la forêt communale de Maubec. Ce site naturel longe aussi une zone protégée par le label européen Natura 2000, qui a classé le massif calcaire du Petit Luberon comme un haut lieu de biodiversité visant à préserver la qualité des écosystèmes. La prudence est donc de mise quand il s'agit de parcourir de long en large ce territoire.

Plus loin, dans une succession de montées et de descentes, une intersection amène au poteau "La Draille de Maubec", circuit de randonnée qui se hisse jusqu'au sommet à travers une combe. Mais c'est un autre sentier à suivre ; en effet celui du GR97 se poursuit à hauteur du camping de Maubec, terrain à traverser pour rejoindre une route. Le camping est également labellisé gîte d'étape "Les Royères du Prieuré", halte idéale pour les groupes. Un chemin de gravier s'éloigne du village et continue sur un secteur verdoyant à ciel ouvert, au pied du Petit Luberon qui offre des perspectives élargies sur les pentes boisées et rocheuses de la montagne. Un avant-goût de ce qui m'attendait !

Attention, à un moment donné, il faut bifurquer à droite après le chemin de la Pinière mais le marquage officiel est inexistant. J'ai continué en ligne droite et c'est une femme, depuis son jardin, qui m'a averti de mon erreur : la majorité des randonneurs font la même maladresse. La femme a du peindre elle-même un balisage GR6 en blanc sur un arbre pour prévenir les promeneurs, balisage qui reste toutefois peu visible si l'on a le soleil en contre-jour. Le sentier s'enfonce en sous-bois pour franchir deux vallons, puis débouche en bordure d'Oppède-le-Vieux, village médiéval et perché sur un contrefort du Luberon. Cette commune authentique et assez touristique est aussi le point de départ pour l'ascension du Petit Luberon à partir du poteau "Vieil-Oppède" (225 m), à atteindre après une courte descente sous les anciens murs d'enceinte.

Depuis le poteau, le sentier à droite grimpe en sous-bois, s'élève d'abord dans une combe, puis sur un éperon, juste à l'ouest du vallon de Courroussouve. Malgré le dénivelé très pentu, les différents lacets du parcours offre un large panorama à mes pieds sur la plaine du Luberon, la vallée du Calavon, les Monts de Vaucluse et au loin le Mont Ventoux recouvert de calcaire, donnant cette étrange sensation de neige éternelle. Vue légèrement en bas sur le Vieil-Oppède (et ses belles maisons en pierre de taille) construit sur un éperon rocheux, au pied d'un château du moyen-âge aujourd'hui en ruine. Tout au long de l'ascension, la ligne de crête du Petit Luberon se dévoile à chaque courbe, ainsi que les vallons sauvages et encaissés. Après quelques passages escarpés, le sentier serpente à travers la végétation et au milieu des buis. Juste avant d'arriver au terme de la montée, une stèle sur le bas-côté attire mon attention. Il s'agit d'une plaque commémorative à la mémoire de Georges PLATTARD, officier de la légion d'honneur durant la Deuxième Guerre mondiale et mort d'un arrêt cardiaque (13-10-1963) sur les hauteurs d'Oppède-le-Vieux lors d'une randonnée.

Finalement, à la sortie de la garrigue, je parviens au plateau sommital du Petit Luberon (706 m) après avoir vaincu son flanc Nord au bout de trois heures. Je traverse la route forestière pour m'engager sur une piste en face, sous les grands cèdres, jusqu'à la cabane du Bastidon du Pradon. C'est une petite cabane non gardée ouverte aux randonneurs ou encore cavaliers de passage, en accès libre. À l'intérieur, pas de matelas ni de couvertures mais assez de vaisselle pour se restaurer et se réchauffer. Parfait pour une pause ou une étape, les jours de gros mistral !

Après la cabane du Pradon, le GR6-GR97 se poursuit vers le vallon de la Galère et les gorges du Régalon, sillonnant le flanc Sud du Petit Luberon. Mais mon objectif du jour n'était pas là, alors je reviens en arrière jusqu'à la piste forestière qui marque la large crête du Petit Luberon. Une ancienne tendinite se réveille à l'instant, me contraignant à ralentir mon pas. Je suis la route goudronnée en direction de la Forêt des cèdres, vers l'Est, à 9 kms de là. De chaque côté, pullulent grandes pelouses sèches et garrigues. Il faut savoir que le Petit Luberon est constitué de roches calcaires qui se sont formées dans un fond marin, il y a environ 130 millions d'années. Cela explique ce climat méditerranéen et alpin combinés qui abritent de nombreuses espèces de plantes et d'insectes.

Rapidement, j'arrive au poteau "Les Hautes Plaines" (720 m) qui représente le point culminant du Petit Luberon. Un vaste replat se poursuit, tout en amorçant une légère descente. Ce qui permet d'avoir un large point de vue à 180° sur les paysages du Sud Luberon. L'ambiance reste sauvage, au rebord des arbustes et des zones de chasse des grands rapaces. Personne n'arpente ce bout de territoire, à part moi. Aucun humain, aucun animal. Aucun bruit. Et je domine les plaines côté Nord et côté Sud. Seul à profiter de ce spectacle grandiose, sous un ciel clair et ensoleillé. En un peu plus de deux heures, à pas de tortue, me voilà à la lisière de la Forêt des cèdres, située sur la partie occidentale du massif du Luberon entre Bonnieux et Lourmarin. J'avais prévu de plonger du côté Sud en contournant une arche naturelle « L'Arche du Portalas », mais l'heure tardive à laquelle j'arrivais me freinait dans mes décisions, à la croisée des chemins de randonnée. À 19 heures passées et face à un soleil déclinant, j'avais à faire un choix radical pour une solution immédiate. J'avais déjà contacté mon hébergeur du soir, l'avertissant que j'allais être en retard, mais il lui était impossible de venir me récupérer à cause du long détour depuis le village de Lauris.

J'ai eu la chance de croiser un coureur avec ses deux chiens, venant de l'Ouest, et je l'interpelle. Après lui avoir exposé ma crainte de devoir dévaler le flanc Sud pour gagner mon gîte d'étape, à la lueur d'une lampe frontale, il accepte de m'y amener en voiture bien qu'il habite à Bonnieux, côté Nord. Il avoue aussi que des loups circulent la nuit dans la forêt communale de Bonnieux, certes ils ne s'attaquent pas aux humains mais il est prudent de ne pas évoluer en leur présence. Merci à la personne qui m'a conduit à la nuit tombée jusqu'au Mas de Recaute, au pied du Luberon dans la vallée de la Durance, en faisant un grand détour par Lourmarin, puis Lauris ! Cédric SIMONOT, le propriétaire du gîte, m'accueille et me conduit à une chambre d'hôtes au lieu du dortoir réservé (ce soir j'étais seul et en totale autonomie). Repas vite avalé et sommeil rapidement gagné, complètement épuisé par ma journée. Seuls regrets : avoir manqué la descente depuis la crête du Petit Luberon avec sa vue panoramique et aussi certaines curiosités locales dont l'Arche du Portalas.

Jour 3 : Lauris - Lourmarin - Cucuron

Dénivelé + : 331 m
Dénivelé - : 268 m
Distance : 21 kms
Maison d'hôtes « À la belle étoile »

Levée très matinale. Même si la journée n'est pas censée être longue, vaut mieux prendre les devants à cause de ma déconvenue de la veille. Mon petit-déjeuner se fait en une poignée de minutes dans la grande salle commune, en solitaire, avec mon sac déjà prêt. Le soleil se lève à peine quand je quitte le gîte d'étape du Mas de Recaute (250 m), s'élargissant entre vignes et oliviers. Il faut emprunter le chemin de Recaute jusqu'au poteau "Combe de Bigonce" et suivre une piste carrossable vers le poteau "Valbigonce" (302 m). C'est ici que je retrouve le GR97 et que débute vraiment ma nouvelle journée de randonnée à pied.

Sur le chemin d'en face, direction nord-est, je passe près du vieux Chêne de Valbigonce (âge estimé : 300 ans), dont il ne reste plus qu'une souche. Je m'enfonce dans la combe et remonte le vallon de Seyes sur un sentier très raide et caillouteux, plus haut il se rétrécit à une intersection. Il s'élève à droite à flanc de montagne vers la crête, puis vers le Cap de Serre (610 m), large plateau défraîchi où trône un cairn géant au milieu des odeurs de thym. Ici, c'est une véritable terrasse panoramique sur le massif de la Sainte-Baume, la montagne Sainte-Victoire, l'étang de Berre, la Méditerranée au Sud ; et sur le Mont Ventoux, les Monts de Vaucluse et la montagne de Lure au Nord. Une flopée de nuages arrive pour voiler ce paysage magnifique et refroidir la température ambiante.

Je fais halte un instant pour me reposer à l'ombre d'un chêne et me restaurer. Puis, après une séance de photos, je récupère une sente balisée jaune-rouge (GRP) pour suivre la crête jusqu'au poteau "Cadassès" (595 m), à l'aplomb d'un ravin bien marqué. Au second collet, il faut quitter la crête pour dévaler un chemin au Sud-Est qui parcourt le vallon du Bon-Dieu à travers les pins. Il mène au bout d'une heure à la lisière d'un champ, à proximité de Lourmarin (200 m). Un kilomètre plus loin, le long d'une allée de platanes, une file de voitures se profile, tandis que des touristes saturent les trottoirs. Avec son château du 15è siècle, de style Renaissance, le village de Lourmarin est en effet une destination touristique très prisée en Provence. Sa situation géographique en fait aussi un endroit stratégique car, situé à la sortie d'une combe portant son nom ("Combe de Lourmarin") creusée par la rivière de l'Aiguebrun, c'est un passage routier qui sépare le Petit et Grand Luberon en reliant le village de Bonnieux au Nord.

Pour rattraper le balisage jaune-rouge du GRP Luberon - Monts de Vaucluse, il est nécessaire de s'éloigner du centre-ville de Lourmarin jusqu'au poteau "L'Estagniol" (vers l'Est). Il faut suivre différents chemins carrossables, puis une route monotone avec quelques virages, ayant une vue extraordinaire sur les premiers sommets arrondis du Grand Luberon, avant de longer le ravin d'Aguye. Ensuite, cela complique car le balisage est trompeur ou inexistant. Sur un chemin de graviers, contourner à hauteur d'une ferme dite domaine de Gibas (en réalité, située après le Chemin de Gibas). Sinon l'allée de terre en face mène au domaine de Gerbaud. Le GR97 passe par le ravin de la Grande Gravière, qui se présente en épingle sur la carte IGN. La piste jaune-rouge continue à travers champs, puis prend le "Chemin de Faraud" vers l'Est et se prolonge en route, jusqu'à un carrefour avec la départementale D45 à proximité du vieux village de Vaugines. À partir de là, deux balades champêtres se présentent pour rejoindre le village de Cucuron, dernière étape du jour :

Le chemin le plus court, par le GR97, est de suivre la départementale D45 (route de Cadenet) sur une quinzaine de mètres et de bifurquer vers la voie de droite "Chemin de la Maguelonne", qui longe des vignes au Sud de Vaugines jusqu'à un croisement où siège un bassin. Continuer par le chemin de terre, en face, sans nom particulier. Toujours serrer à droite, entre champs et oliveraies. Différents points de vue dégagé sur la campagne environnante. Ignorer la route D56 à gauche pour prendre à droite le chemin Sourd qui emprunte en partie le Sentier des Vignerons, d'où vous pouvez admirer le donjon Saint-Michel de Cucuron et la montagne Sainte-Victoire au loin. Un chemin de traverse permet de gagner rapidement le village.
Le second itinéraire passe par le village perché de Vaugines et ses ruelles. Pour cela, dès le carrefour à hauteur du chemin de Faraud, il faut prendre immédiatement à gauche le chemin du Valat jusqu'à un croisement marqué par un oratoire, ainsi que par le poteau "Vaugines" (398 m). Jonction avec le GR9 qui passe par les crêtes du Luberon du nord au sud. Descendre jusqu'au village, assez éloigné des axes routiers touristiques mais point de convergence de sentiers de grande randonnée pédestre, cycliste et équestre. Ses ruelles sont paisibles et sinueuses, avec le charme de ses maisons traditionnelles en pierre, typiques du Luberon. Le village de Vaugines est connu aussi pour ses décors naturels utilisés par le cinéma, où ont été tournés les films "Jean de Florette" et "Manon des sources", de Marcel Pagnol. Orientez-vous vers l'église Saint-Barthélémy (XIIème siècle de style roman), classée Monument Historique. Longer le muret situé au nord de l'église, qui grimpe à un collet : vue panoramique sur les contreforts du Grand Luberon. Plus loin, emprunter une piste agricole qui aboutit à la départementale D56. Suivre cette route jusqu'au centre de Cucuron (balisage rouge-blanc).

Au cœur d'une nature belle et sauvage, riche de vergers, d'oliviers, d'amandiers en fleur, de vignes luxuriantes, de champs de lavandin et autres arbres fruitiers, Cucuron (340 m) est un village typique de la Provence, niché au pied même du Grand Luberon. C'est aussi un village de caractère, car il s'appuie toujours sur son passé médiéval avec un donjon et une partie de ses remparts. D'autre part, il a servi de décor à des films, dont "Le Hussard sur le toit" en 1994 et "Une grande année" en 2005. Le GR97 emprunte une petite route qui débouche sur le bassin de l'étang, à l'ombre de grands platanes bicentenaires qui forme une véritable cathédrale végétale. Un îlot de fraîcheur en cas de canicule ! Je vous recommande, si vous avez le temps, de vous attabler devant la porte bleue de La Glacière, une halte de gourmandises qui propose des glaces 100% artisanales et rafraîchissantes. Je discute avec la patronne, une enfant du pays, tandis qu'elle commence à rentrer les chaises et les tables pour fermer en cette fin de journée.

Un gîte d'étape existe bien à Cucuron (gîte La Resparine), à 1 km au sud-est, mais il reste éloigné de mon lieu de départ pour le lendemain. Voilà pourquoi mon choix s'est porté sur une maison d'hôtes au centre du village, dont l'accès se fait par une grande galerie ancienne voûtée. Une seule chambre avec douche privative est proposée à l'étage, une cuisine privative se trouve au rez-de-chaussée. Idéal pour un couple en totale autonomie. La nuit fut tranquille et douce.

Jour 4 : Cucuron - Ascension du Mourre Nègre - Vitrolles-en-Luberon

Dénivelé + : 940 m
Dénivelé - : 780 m
Distance : 26 kms
Gîte d'étape Le Vieux Presbytère

Cette nouvelle journée allait être le point le plus élevé de ma traversée entre le Petit et Grand Luberon, d'Ouest en Est. Tous les préparatifs de mon trek ont été planifié autour de l'ascension du Grand Luberon avec ses crêtes à parcourir, en globalité ou en partie. J'ai déjà fait cette montée jusqu'au sommet, du côté Nord au départ d'Auribeau et du côté Sud depuis Cucuron, ce qui m'a permis de me familiariser avec les lieux et les environs. Cependant, ces deux moments ne faisaient partie d'aucun circuit en itinérance et ne consistaient pas à prolonger cette découverte sur les cimes plus d'une demi-journée.

En partant vers le Nord-Est, l'itinéraire du GR97 suit une piste DFCI qui présente peu d'intérêt visuel et qui continue en lacets sur un flanc de montagne avec la désagréable sensation de tirer dans les mollets. Voilà pourquoi ce n'est pas une voie facile et que, en cas de pluie forte, elle risque de devenir dangereuse. J'ai suivi mon propre tracé, plus ludique, moins monotone en début de parcours et qui offre un panorama éblouissant sur la plaine du Sud, en prenant d'abord le balisage jaune avant de récupérer à un endroit précis le GR97.

Le départ se fait depuis l'étang de Cucuron, baigné par un soleil levant et généreux. Après l'école communale, le chemin de l'Hermitage suit des vignes avec une vue qui se porte déjà sur les versants boisés de la montagne du Luberon, relief amplifié par un ciel azur sans nuage. Assez vite, avec un dénivelé positif d'environ 200 mètres, on parvient sur les hauteurs de Cucuron en arrivant à la Chapelle de l'Ermitage ou Notre-Dame de Beauvoir (482 m). Ancien sanctuaire de pèlerinage, annexe de la paroisse, la chapelle conserve aujourd'hui son caractère spirituel grâce à quelques manifestations religieuses et musicales. En outre, ce lieu reposant et éloigné des habitations bénéficie d'un panorama exceptionnel sur la vallée d'Aigues et le Luberon Sud. Derrière l'édifice, une piste carrossable DFCI ("Chemin de l'Ermitage") mène à un croisement, au bout de 1,5 kms. Prendre immédiatement à gauche sur quelques mètres avant de bifurquer, au lieu-dit de la Tuilière, vers une sente à droite qui s'enfonce dans la végétation (marquage peu visible). À hauteur de la ferme de la Tuilière, je récupère le GR97 à gauche pour remonter vers le Nord et quitter le sous-bois. Alors que les sentiers du Petit Luberon sont raides, étroits et tortueux, ceux du Grand Luberon s'étirent en longueur et sont ainsi plus faciles d'accès malgré une altitude plus élevée. Idéal pour les pèlerinages en famille.

Dans un virage à ciel ouvert, l'horizon est toujours tourné vers les pentes verdoyantes du Luberon. Curiosité géologique : le sol et les roches en bordure de piste sont couvert d'un calcaire jaunâtre, rugueux au toucher, riche en débris de fossiles marins. Plus loin, le parcours arrive à l'intersection "Vallon de la Fayette" (598 m). C'est ici que le GR97 quitte la piste pour un chemin à droite qui franchit le talweg. Très raviné, il serpente sur le flanc Sud du Luberon pour grimper ensuite par un chemin très raide jusqu'à la crête. Comptez environ deux heures de plus par rapport à mon propre décompte. Ainsi, pour éviter de me fatiguer davantage et de me retarder sur mon horaire, j'ai préféré rester sur la piste initiale (balisage jaune) qui chemine en pente douce à travers le vallon de la Glacière (direction L'Amourralhadou) sur près de 2 kms. Serrez toujours à droite en ignorant les sentiers qui partent à gauche. Cette astuce permet de sortir facilement en amont de la piste forestière et de gagner une nouvelle piste dégagée qui, à la croisée de plusieurs ascensions depuis le Sud ou du Nord, parcourt la crête du Jas de Brémond.

À l'ombre d'une forêt de pins, près d'un amas de troncs d'arbres, je prends une respiration pour cesser de subir la chaleur étouffante. Le couloir forestier se poursuit tranquillement jusqu'au pied du Mourre Nègre, qui longe en balcon le versant Nord du Luberon. Pour atteindre directement le sommet de forme arrondie et ses pins parasols, des sentes partent de derrière les arbres et grimpent dans la végétation : un raccourci salutaire pour éviter de croiser d'autres randonneurs ou des VTTistes.

Le Mourre Nègre (Museau Noir en provençal) est avec ses 1125 mètres le point culminant du massif du Luberon. Il est reconnaissable de loin par son imposante station de TDF géante et hérissée de paraboles hertziennes particulièrement inesthétiques. Depuis cette hauteur, par temps clair, le panorama est complet au Sud sur le pays d'Aigues, la vallée de la Durance et la montagne Sainte-Victoire au loin. À l'Ouest, aperçu sur les Alpilles et le Petit Luberon. Au Nord, en contournant la tour de communication, regard attentif sur le Mont Ventoux. Et vers le Nord-Est, on aperçoit à l'horizon les sommets des Alpes-de-Haute-Provence. Un enchantement à 360° !

Le mistral peut souffler à cette altitude et rafraîchir vite l'atmosphère. La situation élevée accroche assez bien les nuages. À l'Est, vue d'ensemble sur les crêtes et les cinq collines à franchir avant d'amorcer la descente vers la vallée. Sitôt après être descendu du Mourre Nègre (et après en avoir pris plein la vue), il faut suivre une large piste jusqu'au poteau "La Basse de Cabrières". C'est à cet endroit que la jonction avec le GR97 s'effectue et que débute le parcours en crête sur environ 5,6 kms. Le sentier sur les différentes bosses recoupe par endroits le chemin forestier : les deux itinéraires se rejoignent au même endroit mais sans procurer le même plaisir visuel. En juin et juillet, les pelouses sommitales sont utilisées comme pâturage pour les moutons. En septembre, cette terre baignée par le soleil méditerranéen, en lisière des vastes pelouses sauvages et des pins noirs, se traverse sans rencontrer un seul être vivant. Les randonneurs sont rares, on croise plus souvent des VTTistes. Cela reste une formidable terrasse sur l'ensemble du massif du Luberon et des Préalpes de Haute-Provence !

Arrivé au poteau "Coteau de la Combe" (944 m), près d'une citerne, le GR retrouve la piste forestière et plonge sur le versant Nord du Luberon. Le sentier balisé traverse des sous-bois et une forêt de cèdres ; en une heure et 4 kms, il débouche au Col de l'Aire dei Masco (696 m), carrefour avec la route D33. Vitrolles est à une distance de 2,4 kms. Encore un dernier effort à faire pour atteindre ma dernière étape du jour. Le sentier est souvent raviné, en contrebas de la route, et dévale le Vallat de la Combe-d'Apt jusqu'à l'entrée du village (500 m), illuminé par les prémices d'une lumière chaude du couchant.

Bâti sur les contreforts sud du Grand Luberon, le village médiéval de Vitrolles-en-Luberon occupe une position stratégique : il est le point de passage entre le versant Sud et le versant Nord du Luberon. Aussi, il est sur la ligne de démarcation entre le Grand Luberon et le Luberon Oriental, davantage à l'Est. Les chemins de randonnée GR9 et GR97 s'y croisent. Certaines maisons affichent des façades colorées, en provenance des ocres du Luberon. L'école a même servi de décor à quelques scènes des films "La Gloire de mon père" et "Le Château de ma mère" (1990), racontant les souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol.

Je suis le seul pensionnaire du gîte d'étape "Le Vieux Presbytère", accolé à la mairie. Mon dîner, préparé à l'avance par la gérante Laetitia LESPIAT, a été avalé dans la salle à manger, vide. À l'aide de mon topo-guide et d'une carte IGN, j'en ai profité pour revoir mon itinéraire du lendemain, en silence. Mon sommeil au cours de la nuit a été paisible, car non perturbé par d'éventuels ronfleurs !

Jour 5 : Vitrolles-en-Luberon - Céreste - Viens

Dénivelé + : 433 m
Dénivelé - : 354 m
Distance : 14 kms
Maison d'hôtes « Pied à terre au coeur du Luberon »

À l'image des hébergements précédents, je me lève dans la discrétion et la quiétude des murs, alors qu'il fait encore nuit. Mon départ du gîte d'étape "Le Vieux Presbytère", puis mon éloignement, s'est fait avant 8 heures à travers les ruelles encore endormies de Vitrolles-en-Luberon. Pour ma dernière étape, décision a été prise de modifier mon parcours. Il est prévu que la météo soit balbutiante en milieu de journée avec des passages nuageux sombres et une dégradation orageuse dans la soirée. Pour lors, la pureté du ciel et la fraîcheur matinale présagent une chaleur à venir. Au départ de Vitrolles-en-Luberon, le GR97 se poursuit à l'Est à travers le Luberon Oriental, dans le prolongement du Grand Luberon, et passe en épingle pour revenir vers l'Ouest. Mais face à l'incertitude du temps, le mieux est de suivre un autre circuit.

Au départ du poteau "Vitrolles", à la jonction du GR97 et du GR9, je prends la direction du village de Céreste, en ligne droite (direction Nord). Non répertorié dans le topo-guide mais listé sur la carte IGN, le parcours débute par une montée sur un sentier raviné hors GR, coupe la route D33 et débouche plus haut à un plateau à ciel ouvert, au poteau "Carrefour de Piégros" (680 m). La particularité est d'avoir basculé du département du Vaucluse à celui des Alpes-de-Haute-Provence sans mention distinctive. Vue panoramique sur les Monts de Vaucluse. Également, aperçu lointain sur le village perché de Viens, ma dernière étape du jour. Descente vers Céreste, situé à 5 kms de distance, sous un couvert végétal et boisé. Court passage en crête avant de couper la route D31.

Au poteau "Chemin des Aires" (380 m), au bout d'une heure, mon circuit improvisé retrouve le GR97 qui mène rapidement à Céreste. Le ciel se voile de nuages moutonneux, malgré un ensoleillement localisé. Protégée au nord par les Monts de Vaucluse et au sud par la chaîne du Luberon, Céreste (370 m) est à la frontière entre la Basse et la Haute Provence sur le Chemin de Compostelle (GR 653D, Via Domitia). Je fais un détour à l'Office de Tourisme, après avoir remarqué un panneau indiquant "Route de Viens par le tunnel". J'avais prévu à l'origine de faire les Gorges d'Oppedette par le GR4, mais inquiet par la dépression annoncée, la raison m'a encouragé à chercher une route pour accéder plus rapidement à Viens. L'hôtesse m'a confirmé qu'en effet un raccourci permet de monter au prochain village hors GR.

Après avoir englouti quelques fruits sec et des morceaux de gingembre sur un banc public, je reprends ma route en suivant les conseils de l'hôtesse. À la sortie de Céreste, je franchis le Pont de la Baou, de style roman en forme de dos d'âne datant de 1740, sous lequel coule en théorie l'Encrême - régulièrement à sec et, avec la sévère sécheresse de cette année 2022, un ravin a remplacé le lit de la rivière. Le GR4-GR97 se poursuit à droite après le pont vers le Prieuré de Carluc mais je tourne à gauche pour mon raccourci. Après 50 mètres plus loin, prendre à gauche le chemin du Petit Jardin (non balisé). Par un chemin de terre (balisage PR), je chemine jusqu'à un ancien tunnel ferroviaire qui reliait jadis Cavaillon à Forcalquier, désaffecté depuis bien longtemps : c'est le début de la fameuse "Route de Viens". Une traversée originale dans la pénombre totale, aucune lumière d'appoint, sur +200 mètres de long et légèrement en courbe. À éviter par les gens ayant la phobie du noir ! La sortie du tunnel est par endroits envahie par le lierre mais cela reste une délivrance. Par un raidillon, je rejoins en aval un chemin de terre, en surplomb des rives de l'Encrême. Un rideau de verdure masque le ciel et filtre une lumière diffuse. C'est au niveau d'une station d'épuration qu'on quitte la forêt et c'est en traversant un pont qui enjambe le Calavon que je passe des Alpes-de-Haute-Provence au Vaucluse. En m'approchant de la route D33 au bout du chemin, je vois le ciel noir. Au Sud, à travers les branches d'arbres, s'élève majestueusement la face Nord du Grand Luberon. Hélas, seule la ligne de crête est visible : ses versants d'ordinaire boisés sont entièrement assombris par une grisaille précoce. Je peine à distinguer l'antenne hertzienne qui marque le Mourre Nègre, davantage à l'Ouest. Cette évolution soudaine de la météo me réconforte dans mon idée d'avoir écourté mon étape pour éviter une éventuelle douche froide. Malgré tout, la chaleur reste autant écrasante et colle à la peau.

Obligation de suivre le bas-côté de la route D33 sur un kilomètre environ, vers le Nord, avant d'arriver à un panneau "Le Poteau" (362 m) qui mentionne Viens à 3 kms. Un dédale de chemins de terre amène à une succession de vallons et collines, à des sous-bois, puis au pied d'une paroi rocheuse. La montée vers le village devient imposante, en même temps que s'ouvre en balcon un large panorama sur les vallées environnantes, couvertes de pins et d'oliveraies. Le sentier passe pas loin du ravin du Rossignol où se découvrent des bories (cabanes en pierres sèches à vocation agricole). Le ciel continue d'osciller entre une dense couverture nuageuse et éclaircies. Très vite, en bordure de falaise, le chemin surplombe des cultures d'oliviers avec au fond la vallée de Calavon. Les premières maisons et fermes du village apparaissent sur les pentes orientales.

En haut d'un long sentier, le poteau "Subarroques" (586 m) sonne le glas de mon trekking de 5 jours : seul 400 mètres me séparait en ligne droite de mon ultime étape. Perché sur un éperon rocheux, dans la partie sud des Monts de Vaucluse, Viens (610 m) est un village médiéval face à la partie nord du massif du Luberon, sur la hauteur entre Apt et Céreste. Le cœur du village est ceinturé de remparts édifiés entre les 11è et 12è siècles. À regrets, mon hébergement est situé à l'extérieur de l'enceinte fortifiée, m'empêchant de visiter cette cité à travers ses ruelles étroites. Le logement indépendant proposé par Sarah, mon hôtesse pour la nuit, est aménagé sur un terrain arboré, avec sa propre entrée et terrasse, ainsi qu'une salle de bain privative avec baignoire. Les habitants du Luberon savent bien recevoir les randonneurs !

Le ciel plombé par l'arrivée de nouveaux nuages noirs et par un air devenu moite allait aussi m'interdire de sortir pour la soirée. De toute manière, je me trouvais soudain sur les rotules, éprouvé par mes longues journées de marche, le souffle court, les jambes ankylosées. Heureusement, Sarah est dynamique et avenante. Grâce à elle, j'ai pu me faire un dîner, assez modeste en somme. Le lit est confortable, la nuit a été douce. Dès le lendemain matin, la pluie inondait déjà autant la terre que le ciel, forte, redoublant vite d'intensité et plongeant le Luberon dans une brume collante. Levé de bonne heure pour prendre le seul bus ZOU au départ de Viens, un samedi matin, j'ai pris une correspondance à Apt avant de revenir sur Avignon pour enfin me reposer.

Mon récit de cinq jours de randonnée entre le Petit et Grand Luberon, côté Sud, s'achève à l'extrémité Nord-Est du massif du Luberon. Il complète ainsi ma traversée du Nord Luberon effectuée deux ans plus tôt sur quatre jours. Ce sont deux versants d'une même chaîne montagneuse que j'ai exploré en solitaire, au fil d'une épopée assez sportive au gré de la météo et des horaires à rallonge. Vous pouvez aussi faire le Tour du Luberon par le GR97, d'une durée variable de 6 à 8 jours pour une moyenne de 170 kms. En chevauchant sur les Monts de Vaucluse, cela peut aller jusqu'à 12 à 14 jours pour environ 230 kms. N'importe la durée et le circuit, vous allez vivre une aventure vivante et colorée, de village vallonné en village perché sur les sentiers de Provence, entre des vignes ou des carrières d'ocres, avec des passages en crête, dans une variété de vallons et collines d'un même massif qui évolue dans un Parc national protégé. Selon la saison, profitez-en également pour contempler les champs de lavande ou de coquelicot ! Les lumières automnales de fin septembre ajoutent une note chatoyante à un territoire déjà chargé de couleurs et d'histoires.

Trace GPS sur les crêtes du Luberon

Informations pratiques

Comment s'y rendre ?

pour aller à L'Isle-sur-la-Sorgue (point de départ)

en voiture : route D25 depuis Avignon
en train : gare de L'Isle-sur-la-Sorgue - Fontaine-de-Vaucluse
en bus ZOU : ligne n°906 (Avignon → L'Isle-sur-la-Sorgue), puis éventuellement ligne n°21 (L'Isle-sur-la-Sorgue → Fontaine-de-Vaucluse) seulement en été
à pied : depuis le centre de L'Isle-sur-la-Sorgue, prendre la direction du Canal de Carpentras et suivre un sentier de terre jusqu'au pont-aqueduc de Galas qui rejoint Fontaine-de-Vaucluse

pour repartir de Viens (point d'arrivée)

en bus ZOU : ligne n°926 (Viens → Apt). Depuis Apt, plusieurs lignes de bus relient différentes gares SNCF (Avignon, Cavaillon ou Pertuis)

Hébergement dans le Luberon

www.luberon-apt.fr qui regroupe toutes les offres d'hébergement, du plus classique au plus insolite

À noter qu'il est déconseillé de faire du bivouac dans le parc naturel du Luberon en période estivale à cause des risques de feux de forêt (1er juillet au 15 septembre) ; le bivouac peut être toléré le reste de l'année.

Environnement

L'itinéraire traverse le parc naturel du Luberon : c'est un espace vivant et préservé qui s'étend sur 77 communes dans les Alpes-de-Haute-Provence et le Vaucluse. Le territoire est donc soumis à des réglementations pour protéger une réserve de biosphère et la Réserve naturelle géologique du Luberon. Il est donc déconseillé de s'aventurer au-delà des sentiers balisés.

Pour le respect et la protection de l'espace naturel du Luberon, il convient d'adopter la Luberon attitude en suivant quelques règles élémentaires du visiteur responsable.

Cartographie

Carte IGN Top 25 : 3142 OT Cavaillon / Fontaine-de-Vaucluse / PNR du Luberon
Carte IGN Top 25 : 3242 OT Apt / PNR du Luberon
Carte IGN Top 25 : 3243 OT Pertuis – Lourmarin / PNR du Luberon

Topo-guide

Tours dans le Luberon et les Monts de Vaucluse – FFrandonnée

Liens externes

Sites officiels du Luberon

Carte postale : Souvenirs du Petit et Grand Luberon

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