Joucas - Roussillon - Saint-Saturnin-Lès-Apt (Massif des Ocres)

Date de l'étape : 05 août 2020

Dénivelé + : 333 m

Dénivelé - : 245 m

Distance : 15.00 km

Réveil assez matinal. En prévision de la chaleur qui s'annonçait tropicale, le responsable de l'Hostellerie des Commandeurs m'a fait remplir ma poche à eau d'une eau glacée à l'extrême ! La vallée du Luberon baignait déjà dans une lumière resplendissante accompagnée d'un ciel bleu azur d'une rare pureté. Au départ du village de Joucas, je retrouve le GR6 deux kilomètres plus loin sur une départementale bordée de vignes. Trois kilomètres de plus à pied est suffisant pour gagner en hauteur le village provençal de Roussillon, situé dans le Nord Luberon.

Classé plus beau village de France, Roussillon possède un charme irrésistible en se baladant dans ses ruelles silencieuses, scintillant sous une lumière ocre jaune. Sa différence avec les autres villages environnants est sa couleur : toutes les maisons exhibent une palette incroyable d'ocres. Chaque bâtiment a sa propre personnalité, au ton rougeoyant ou doré. Cette courte traversée dans les ruelles est un avant-goût de la visite du site ocrier à proximité : le Sentier des ocres de Roussillon est une référence en matière de gisement d'ocre. L'accès est payant. Une longue file d'attente m'attendait à l'entrée. L'exploration de cette curiosité locale et naturelle, le long d'un itinéraire orangé et ambré, sous couvert d'une ample forêt, est juste magnifique ! Un chemin balisé permet de contempler des falaises et des colonnes écarlates aux formes improbables, enrichis d'une argile d'origine marine. Aux abords d'une forêt de pins, la rencontre avec cette cathédrale de sable est saisissante. Ses nuances abricot et pêche sont un régal pour les yeux et le toucher. Depuis un promontoire, il est possible de distinguer le sommet gris-blanc du Mont Ventoux (1910 m) en prolongement du village de Roussillon.

Longtemps exploité en carrière, puis rendu à la nature, le Sentier des ocres reçoit chaque année des milliers de personnes curieuses et émerveillées par ce site fragile, classé par l'État en 2002. La commune de Roussillon l'a aménagé pour le bien-être et la sécurité des visiteurs. Deux boucles permettent d'en faire le tour et d'admirer toutes ses facettes, l'une de 35 minutes et l'autre de 50 minutes.

Sentier des ocres de Roussillon dans le Luberon (Provence, Vaucluse, France)

Après cette halte teintée et ombragée d'une heure, le GR6-GR97 se poursuit sur la route d'Apt et passe devant l'Écomusée de l'ocre (Ôkhra). À visiter absolument pour connaître l'origine de l'extraction et l'exploitation des ocres ! La RD104 passe par des sentiers à travers broussailles et asphalte qui aboutissent au petit village de Gargas, entouré de champs de vigne (A.O.C Côtes du Ventoux) et dominé par la colline arrondie de Pérreal. Aux confins de la commune ocrière de Gargas, se trouvent les Mines de Bruoux où l'ocre est toujours exploitée, impressionnantes galeries creusées par la main de l'homme pour extraire cette roche colorée composée d'argile pure.

ôkhra, écomusée de l'ocre. Roussillon-en-Luberon (Provence, Vaucluse, France)

Je quitte le bitume après Gargas pour m'élever sur un chemin terreux vers la colline de Pérreal. Par la diversité des plantes rares et ses caractéristiques géologiques, la colline est classée en réserve par l'UNESCO. Destiné à la protection de quatre espèces végétales protégées régionalement ou nationalement, un arrêté de 1997 interdit expressément la cueillette et la récolte de plantes sauvages, toute nouvelle construction, la pratique des sports mécaniques, ainsi que toute ouverture de carrière.

Je m'enfonce dans une forêt de pins sylvestres et de chênes blancs, prenant peu à peu de la hauteur. Un panneau indique plus haut la direction pour la chapelle Sainte-Radegonde (XVIè siècle), érigée au sommet de la colline et autrefois lieu de pèlerinage. Ce site ne faisant pas partie de ma liste de visites, je poursuis ma traversée vers l'Est. Quelques trouées entre les arbres permettent une vue imprenable sur la plaine de Villars, ainsi que sur les plateaux et collines du Pays d'Apt. Le Grand Luberon se détache au Sud-Ouest. Plus loin, une table d'orientation près des ruines offre un large aperçu sur mon parcours à suivre pour les deux prochains jours, dont les ocres de Rustrel.

En une heure trente, après une courte sieste, je me trouve de l'autre côte de la colline de Pérreal, longeant à nouveau des habitations appartenant à la commune de Saint-Saturnin-lès-Apt. Au terme d'une allée de graviers du chemin de Pérreal, je dois quitter le GR6-GR97 pour bifurquer vers le Nord-Ouest. Une sente dans la forêt dévale un autre versant de la colline, sans balisage, pour atterrir dans un paysage cerné de vignes au sol rouge.

En fin d'après-midi sur une route déserte, je repère la maison d'hôtes au petit hameau Domaine Le Pont : La Bastide de la Source est une demeure provençale datant de 1640 qui possède un bassin d'eau naturelle. Le domaine est tenu par un couple atypique : Claude Marthaler est suisse et Martina Friemel est allemande ! Leur projet de chambre d'hôtes à Saint-Saturnin-lès-Apt est très récent et s'est concrétisé après le confinement en France ; je suis en vérité leur tout premier client ! D'une certaine manière, je suis leur cobaye ;-)

Depuis une terrasse dans la cour de derrière, l'horizon s'étend sur une large partie du versant Sud des Monts de Vaucluse, grandiose et verdoyant à souhait. En prolongement de la terrasse, la chambre est simple mais fonctionnelle, équipée d'une salle de toilette et d'un coin table ; le lit est aménagé sous les combes avec balcon sur le jardin et les vignes.

La discussion avec les nouveaux propriétaires s'engage très vite, tous deux passionnés par les randonnées et surtout par les voyages à vélo. Claude Marthaler est un cyclonaute et écrivain suisse ; il a effectué pendant sept ans un tour du monde à vélo. Sa compagne Martina Friemel est guide de voyage à vélo et professeur de yoga. De leur rencontre est née l'idée de La Bastide de la Source avec l'ambition d'accueillir autant les cyclistes que les marcheurs dans le Luberon.

Je dîne en leur compagnie pour une somme modique autour d'une table improvisée et je prends plaisir, au soleil couchant, à admirer les derniers rayons de lumière rouge orangée rebondir sur les vignes et effleurer les pins sylvestres. Un spectacle reposant et lumineux !

De Joucas à Saint-Saturnin-Lès-Apt via Roussillon-en-Provence

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