Trekking Bourg-Saint-Maurice - Refuge du Mont Pourri (Traversée de la Vanoise)

Date de l'étape : 03 août 2019

Altitude maxi : 2574 m

Dénivelé + : 450 m

Dénivelé - : 200 m

Durée : 3h00

Une terrible excitation m'envahissait depuis quelques jours. La folle aventure à laquelle je m'étais engagée pour traverser la Vanoise de long en large allait prendre réalité. Au départ de la vallée de la Tarentaise, ce circuit de randonnée équivalait à un défi, autant en terme de durée que sur le choix du tracé. Le point d'origine s'est effectué à Bourg-Saint-Maurice, dans les Alpes françaises, bordé par le parc national italien du Grand Paradis.

Je suis parti les épaules légères. Seulement un sac-à-dos d'une contenance de 30 litres, alors que les deux années précédentes je supportais un 70 litres ! Le choix d'un allègement aussi radical était d'une part pour soulager mes articulations qui ont tant souffert autrefois, d'autre part pour mieux profiter du paysage et mieux me concentrer sur le sentier à suivre. Un deuxième sac plus imposant, contenant mes affaires de rechange, m'attendait à Pralognan-la-Vanoise.

Mon arrivée à Bourg-Saint-Maurice, en covoiturage depuis Lyon, a été la concrétisation de tous mes efforts de préparation, assujettie à de fortes angoisses quant à l'imprévisible. Je débarque à la gare SNCF dès 8 heures du matin, dans l'attente de la mise en service du funiculaire, auquel on y accède par une passerelle située à l'extrémité des quais.

Le funiculaire Arc-en-Ciel, aussi appelé durant un temps Arcs' Express, est un funiculaire qui relie la gare ferroviaire de Bourg-Saint-Maurice à la station de sports d'hiver d'Arc 1600 en 7 minutes. D'une capacité de 250 personnes, chaque rame est dotée d'un large vitrage panoramique : toit et façades entièrement vitrés permettant une vue à 360° sur les montagnes et les vallées alpines, ainsi que sur le Mont Blanc ! La pente maximale est de 39% pour un dénivelé de 810 mètres. C'est dire que les voyageurs en ont plein les yeux au fur et à mesure du parcours aérien, par temps clair.

La station Arc 1600 fait également office de belvédère exceptionnelle sur la vallée de la Tarentaise, verdoyante et fleurie à souhait, avec quelques fenêtres joliment boisées sur des sommets enneigés. Les différents panoramas s'élargissant sur le Versant du Soleil permettent de patienter agréablement jusqu'à la prochaine navette gratuite pour la station Arc 2000 (environ 15 minutes de trajet). Ici, débute une mise en jambe jusqu'à mon premier hébergement, le refuge du Mont Pourri.

Surplombant Bourg-Saint-Maurice, la station Arc 2000 se situe sur le versant nord du massif de la Vanoise en Tarentaise, sous l'Aiguille Rouge (3226 m). Elle est composée essentiellement de résidences hôtelières et divers hébergements dans des chalets . L'hiver, c'est l'une des plus belles stations de ski des Alpes ; en revanche l'été, le village à l'allure urbaine connaît une faible agitation : allées vides, résidences désertées et commerces fermés ne favorisent aucune visite en profondeur. Toute la fréquentation est concentrée à l'extérieur, sur les pelouses alpines et sentiers pédestres. Point de départ pour plusieurs randonnées au cœur de la vallée de l'Arc, la station est sur le domaine skiable de Paradiski, qui relie Les Arcs/Peisey-Vallandry à La Plagne.

Depuis la place Olympique, le panorama s'ouvre largement sur un univers montagneux à l'état sauvage, moitié herbeux moitié minéral. Ici, nous sommes sur le Versant des Arcs. Très vite, je me rends compte qu'une partie du paysage est défigurée par les remontées mécaniques. Cette particularité des stations de ski éloigne mon idée que j'en fais de la randonnée en moyenne et haute montagne. Sachant que pour me défaire de cette vue abominable, de cette association perfide entre sommets magnifiques et économie urbaine, j'allais basculer d'ici une poignée d'heures dans le Parc national de la Vanoise, ma présence en ces lieux peu accueillants ne se fait pas attendre longtemps.

La chaleur s'amplifie d'heure en heure sous le soleil rayonnant. Vers midi, je repère le panneau indicateur jaune "Sentier des Lacs". Un troupeau de vaches de race Abondance portant des cloches observe les passants, impassibles, allongées sur l'herbe chaude. Un sentier balisé à travers les alpages mène au lac artificiel de la vallée de l'Arc, aisément abordable, dont son originalité est d'être en forme de cœur. Une nouvelle montée dans du gravier m'élève à un embranchement. Je laisse à droite la piste pour le col des Frettes et je m'engage dans celle de gauche, plus austère : la surface désormais rocheuse se présente avec beaucoup de gravier glissant. Le sentier raide serpente jusqu'au col du Grand Renard (2400 m) pour bifurquer à gauche vers le col de la Chal (2600 m).

Dominant le domaine des Arcs, le col de la Chal abrite la principale remontée de la station des Arcs : la télécabine Transarc est ouverte durant la saison estivale pour transporter piétons et cyclistes. Ce type de transport, accessible facilement, explique l'affluence des marcheurs à la journée, ainsi que la présence d'un restaurant d'altitude. Avec la forte chaleur, je suis soudain en sueur. Au col, une table d'orientation offre un panorama à 360° sur les Écrins, la vallée de la Tarentaise, la vallée de l'Arc, l'Aiguille Rouge, le Mont Pourri, la Grande Motte, la Grande Casse, la face nord du glacier de Bellecôte et sur le massif du Mont Blanc. Je déjeune sur place, attablé à une table de pique-nique. Bon à savoir : accès Wifi Paradiski gratuit ! Puis je reprends la route par une piste carrossable, direction Sud-Est en perspective de la Crête de l'Homme. À un panneau directionnel, le refuge du Mont Pourri peut se gagner, soit en une heure en passant par la Crête des Lanchettes, soit une demi-heure de plus par le lac des Moutons. Je choisis cette seconde option, puisqu'il n'est pas encore tard pour faire un détour - et se faire plaisir. J'arrive à un plan d'eau, partie intégrante d'un circuit de découverte sur 5 lacs glaciaires. Nouvelle montée sur un raidillon qui chemine sur des cailloux cassants. Au soleil, les rochers étincellent au fil d'une eau ruisselante. Après une butte, le lac des Moutons apparaît enfin.

D'une altitude de 2580 mètres, en bordure du Parc national de la Vanoise, le lac des Moutons est colonisé par des canards se faufilant entre les tiges de linaigrettes. L'eau translucide s'apparente à un miroir où se reflètent les montagnes environnantes et le bleu azur du ciel. Dans mon dos, se dresse le Mont Blanc, imposant et fier. Avec ses versants enneigés, d'une allure élancée et distinguée, il éclipse toutes les autres montagnes dans ce paysage dominé par des crêtes et de hauts sommets.

Après m'être prélassé en ce lieu de quiétude sur les berges du lac, loin des vrombissements, loin de l'agitation humaine, me voilà prêt à entamer la dernière partie de mon étape du jour. Je longe le lac des Moutons par le Sud pour entrer dans le site protégé du Parc national de la Vanoise. Le sentier étroit se fait plus pentu ; le silence de l'endroit est parfois troublé par les sifflements de marmottes, plus nombreux au fil des minutes. Au détour d'une colline, le massif de Bellecôte se découvre dans toute sa splendeur. En contrebas du chemin, un plateau nommé « la Commune d'en Bas » et traversé par les méandres d'un ruisseau, rend bucolique ce cadre montagnard. Au lieu de suivre le sentier menant à la Crête des Lanchettes, je prends un raccourci en m'engageant dans le pâturage dominé par le glacier de la Grande Motte. Je rejoins bien vite un replat verdoyant qui me conduit directement au refuge du Mont Pourri (2374 m).

Entre alpages et neiges éternelles, le refuge d'altitude jouit d'un panorama exceptionnel sur la face Nord du glacier de Bellecôte, immense et austère. Il surplombe le vallon de Rosuel que j'ai parcouru l'an dernier par suite d'une mésaventure en allant au refuge d'Entre le Lac. Dans le lointain, vers le Sud, la vue se prolonge jusqu'au glacier de la Grande Motte et le lac de la Plagne. Ce belvédère extraordinaire sur la Vanoise est une étape importante pour le Tour du Mont Pourri ou pour celui de la pointe du Vallaisonnay. Marmottes, renards, bouquetins et chamois vagabondent en ces lieux pastoraux, côtoyant ainsi moutons et patous, survolés par des aigles et des gypaètes.

Les terrasses du refuge du Mont Pourri sont déjà prises d'assaut par nombre de randonneurs, attablés devant une bière et/ou des spécialités locales. J'entre par l'accueil pour m'annoncer. À l'intérieur, après m'être déchaussé dans la salle hors sac, je m'incruste dans la pièce commune ; des enfants jouent à des jeux de société à une table, tandis que les parents étalent leur carte IGN. Sitôt m'être présenté à la gardienne et signé à un registre, je sors prendre une série de photos. Au soleil déclinant, j'installe mes mascottes pour des mises en situation. Soudain, une personne m'interpelle par mon nom. C'est Grégory Rohart, photographe-blogueur et fondateur du blog I-Trekkings.net. Il m'a reconnu grâce à mes peluches, puisque jamais nous nous sommes rencontré physiquement alors que nous nous connaissons depuis une douzaine d'années ! Il est venu avec sa femme pour un week-end randonnée afin de réaliser le Tour de la Crête des Lanchettes en deux jours de marche. Ce hasard m'a permis enfin de mettre un visage sur un nom familier.

Juste avant le dîner à 19h, un troupeau avec patous en provenance des pentes du Mont Pourri arrive à hauteur du refuge. Les bêtes partent à l'enclos de la bergerie de Sévolière, 30 mètres en aval. La soirée au refuge est agréable, arrosée par du Génépi et agrémentée de jeux de société. Je me couche tôt, me levant de bonne heure le lendemain.

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03-08-2019 09:05

03-08-2019 15:00

03-08-2019 20:00

Bourg-Saint-Maurice - Arc 2000 - Refuge du Mont Pourri (2374 m)

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