Trekking Refuge du Lac Blanc - Refuge de la Dent Parrachée (Traversée de la Vanoise)

Date de l'étape : 08 août 2019

Altitude maxi : 2520 m

Dénivelé + : 1020 m

Durée : 4h30

Le plateau de Bellecombe est un paradis pour des randonnées entre amis ou en famille. Il mérite de s'y attarder pour découvrir ses trésors cachés et son paysage de carte postale. Raison de plus pour m'être accordé une matinée de flânerie autour du refuge du Lac Blanc en Vanoise avant de prendre une navette pour Termignon, puis pour Aussois, afin d'entamer une longue ascension jusqu'au refuge de la Dent Parrachée.

Tandis que les premiers randonneurs s'éloignent du refuge du Lac Blanc pour s'engager sur une piste qui descend jusqu'à la commune du Val Cenis Termignon, en coupant parfois la route goudronnée, je débute ma balade du côté du lac Blanc à cinq minutes du refuge éponyme. Ici, un panorama d'exception se dévoile sur les glaciers descendants des Dômes de Chasseforêt et de l'Arpont, sur le versant d'en face. Une vue grandiose sur le sommet de la Dent Parrachée parfaire un horizon minéral donnant sur une muraille haute de 3697 mètres. Une corniche naturelle au-dessus de la gorge du Doron de Termignon permet d'admirer les glaciers de la Vanoise qui se reflètent majestueusement dans les eaux du lac Blanc (2285 m). Avec sa surface bleutée et étincelante, reflet d'un ciel très clair, le lac attire les regards et les promeneurs matinaux. Il est bordé par des linaigrettes à feuilles étroites.

La solitude des lieux et le paysage baigné par une forte luminosité laissent rêveur. Le faible dénivelé menant au lac et à ses berges fleuries, surmontées de dalles rocheuses, amènent quiconque à s'allonger et à se perdre en pensées au fil de l'eau, le sommeil léger. La promenade peut se prolonger au bord de la gorge du Doron de Termignon. Sur le versant opposé, dégringolent des cascades qui ruissellent en une eau laiteuse et, à la même hauteur, se distingue le refuge de l'Arpont juché sur la moraine de l'ancien glacier de l'Arpont. Au-delà de ce cadre idyllique, propice à la rêvasserie, il est temps pour moi de clore ce chapitre féerique et de partir.

Retour au parking de Bellecombe par une route pastorale, à vive allure, pour attraper à temps la navette gratuite qui m'emmène à l'Office de Tourisme du Val Cenis Termignon (1300 m), puis une correspondance me transporte au village d'Aussois en 30 minutes. Le bus me dépose à la Maison d'Aussois (1500 m) peu avant le début d'après-midi. Ma randonnée du jour débute par une franche montée à travers les alpages jusqu'au barrage de Plan d'Aval (2000 m). Il s'agit d'une retenue d'eau construite en 1945, alimentée par les torrents de montagne qui, avec sa consœur le barrage de Plan d'Amont, assure le fonctionnement des centrales électriques de la vallée.

À partir du Plan d'Aval, le GR5 se poursuit en forêt, puis à travers une végétation assez dense. Cette partie de l'itinéraire me protège de la chaleur écrasante et me permet de souffler, tout en contemplant le paysage à l'ombre des résineux et de quelques sapins. Un sentier balcon s'élève au-dessus de la combe d'Aussois avec vue panoramique sur les eaux turquoises des deux lacs de retenues. Le regard se prolonge rapidement vers l'Ouest sur les crêtes et les sommets avoisinants, dont le Rateau d'Aussois, le col de la Masse et la Pointe de l'Échelle. Au Nord-Ouest, se déploient le Fond d'Aussois et, encore au-dessus, le col d'Aussois qui représente mon objectif à franchir pour le lendemain. Je croise peu de monde. Le flot de touristes est davantage agglutiné en contrebas, sur des chemins moins sportifs et moins importants en altitude.

Au sortir de la forêt, me voilà arrivé au Plan Sec (2200 m), proche des pistes de ski et entouré d'alpages à vaches. Les couleurs deviennent plus resplendissantes et les belles fleurs se multiplient sur le talus. Depuis ce point, je suis passé pas loin de trois chalets d'alpage au style traditionnel transformés en refuge, le premier étant le charmant refuge de Plan Sec, à peine entrevu mais déjà fréquenté lors de mon Tour des Glaciers de la Vanoise (2012). À ciel ouvert, le tracé devient moins important en dénivelé et la piste s'élargie davantage. Cela permet aux mollets de se reposer enfin. Apparaît alors le vallon de la Fournache où s'écoule paisiblement un ruisseau champêtre, au pied de la Dent Parrachée. Le refuge de la Fournache se découvre plus haut, perché en plein soleil (2340 m). Je le dépasse, lorgnant sur sa longue terrasse et les parasols. Ici, mon parcours se durcit en prenant encore de la hauteur et toujours exposé plein soleil.

Les marmottes me surveillent depuis leur rocher ou leur terrier. Les perspectives sur la montagne sont plus minérales et sauvages au fil de la montée, malgré une végétation plus que présente. Il est déjà 18h quand je parviens essoufflé au refuge de la Dent Parrachée sur un promontoire rocheux (2520 m), après avoir accompli plus de 1000 mètres au départ d'Aussois.

Rénové récemment afin d'améliorer le confort, le refuge de la Dent Parrachée est un magnifique belvédère sur les sommets frontières de la Haute Maurienne. Son balcon-terrasse domine le vallon de la Fournache avec vue renversante sur les lacs des barrages d'Aussois, sur un ciel très dégagé. Étape pour l'ascension de la Dent Parrachée, le gîte de montagne tout en bois est historique de part sa position privilégiée dans le massif de la Vanoise et son attractivité pour les férus d'alpinisme. À l'intérieur, trois dortoirs de douze à quinze places sont positionnés en fonction de l'heure de réveil des alpinistes, grimpeurs ou randonneurs. Son succès tient à sa qualité d'accueil et à l'humour montagnard de son gardien, Franck Buisson. Aux commandes de la Dent Parrachée depuis 35 ans, Franck est un personnage atypique et incontournable. Le soir il raconte des blagues et des anecdotes à profusion, de table à table ; il fait rire tout le monde au dîner. Un moment inoubliable !

À 20 heures passées, un couple arrive en retard dans la salle, juste avant le dessert. Je les reconnais, nous avons dîné ensemble la veille au refuge du Lac Blanc, sur le plateau de Bellecombe. Le matin même, tandis que je faisais le service minimum en bus pour une courte randonnée, ils prévoyaient une longue marche en descendant jusqu'à Termignon, puis remonter sur le versant de l'Arpont sous la Dent Parrachée avant de surplomber les Plan d'Aval et d'Amont. Sachant leur intention, je commençais à m'inquiéter de ne pas les voir arriver. À la fin du copieux dîner, le génépi maison nous est offert ; je me joins à leur table, alors qu'ils commencent à peine leur plat de résistance. Une longue conversation s'est alors engagé entre nous et nous nous sommes racontés chacun nos exploits du jour. La nuit fut d'autant plus douce et reposante.

Vidéo — Chroniques d'en Haut
Les gardiens de refuge

Refuge du Lac Blanc - Barrages d'Aussois - Refuge de la Dent Parrachée (2520 m)

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