Trekking Refuge de Plaisance - Refuge du Col du Palet (Traversée de la Vanoise)

Date de l'étape : 05 août 2019

Altitude maxi : 2652 m

Dénivelé + : 1090 m

Dénivelé - : 610 m

Durée : 7h00

Dès 7 heures du matin, je suis déjà sur le départ pour ma deuxième journée de randonnée. L'air est froid et humide ; le ciel à tendance orageuse semble annoncer des épisodes pluvieux. Par un sentier qui contourne les sanitaires extérieurs, je m'éloigne du refuge de Plaisance encore endormi. L'objectif à atteindre est le refuge du Col du Palet où, le soir même, un spectacle de cirque est programmé. Raison de plus pour apprécier cette marche, n'importe le temps et la durée.

Face à moi, le paysage embrasse un panorama aux nuances grisâtres avec à droite le glacier de Troquairou, au centre celui des Volnets, à gauche la Pointe des Volnets. Le chemin descend à flanc le long du ruisseau du Py, qui se transforme en cascade au Laisonnay d'en Bas. Peu à peu, le passage rétrécit et la pente devient plus pentue. Arrivé en amont de la Cascade du Py, après le franchissement d'une passerelle, un faisceau du soleil levant illumine partiellement le versant oriental du Grand Bec. Au niveau du Couloir du Mollard (1875 m), j'entame rive gauche une descente raide et soutenue le long de la cascade, dont le vrombissement déchire le silence matinal.

De nombreux lacets serpente ce nouveau parcours qui tire sur les jambes. Son avantage oculaire réside dans le fait qu'il domine la vallée glaciaire et encaissée de Champagny-le-Haut, traversée par le Doron de Champagny. Environ 300 mètres de dénivelé en contrebas me conduisent au croisement du parking du Laisonnay d'en Bas avec le Laisonnay d'en Haut (1560 m), hameau paisible aux portes du Parc national de la Vanoise.

Toujours dans l'ombre, les lieux commencent à voir arriver les premiers randonneurs prêts à affronter le chemin jusqu'au refuge de Plaisance. Le vallon de Champagny est une situation exceptionnelle pour tous les amoureux de balades champêtres ou de grandes randonnées, ainsi que pour les spécialistes de la haute montagne. La voie de gauche aux ruelles très étroites mène au refuge du Laisonnay, étape reposante pour découvrir les alentours. Une piste forestière d'arcosses s'élève désormais avec, en point de fuite, la Grande Motte. Digne d'une carte postale, à la rencontre des marmottes des Alpes, le chemin est bien dégagé sur un secteur sauvage encadré de torrents, de cascades, de glaciers et de sommets avoisinants les 3000 mètres.

Une large piste pastorale suit le sentier de Glaciologie, un itinéraire qui part à la découverte des glaciers de Champagny-en-Vanoise, complément du centre d'interprétation de l'Espace Glacialis au hameau du Bois. Il s'enfonce vers le fond du vallon fermé par un verrou glaciaire. Plus bas, les ruisseaux façonnés par la fonte des glaciers se déversent dans le Doron avec un assourdissant grondement. Une pancarte informative pour interdire aux randonneurs de nourrir les marmottes, qui ne mangent que des végétaux sauvages, est planté sur le talus. Les pentes herbeuses, exposées au soleil et parsemées de rochers, sont idéales pour le bien-être des rongeurs. On peut les observer sans risquer de les déranger.

Au niveau du Grand Chalet, de nombreux virages s'élèvent en lacets et donnent une impression de vertige. Heureusement, ce passage peut être coupé en diagonale par des sentes irrégulières et pierreuses, afin d'aborder plus rapidement une route d'alpage au-dessus. Parfois, on croise des familles transportant leurs affaires par une mule. Diverses bornes numérotées sont disposées au bord du chemin, expliquant la genèse du relief et le rabotage des roches par les glaciers. 200 mètres plus loin, la piste se poursuit dans un vallon jusqu'aux anciennes Caves de la Plagne aujourd'hui transformées en refuge de la Glière (2010 m), sous l'Aiguille de l'Épéna. J'en profite pour faire une pause, déjeuner et me réapprovisionner en eau. Derrière le refuge, un chemin de traverse mène au Lac de la Glière (2050 m). Ancien lac glaciaire au pied des glaciers de l'Épéna et de Roselin, il est asséché suite à la catastrophe de l'Épéna en 1818. À proximité, la Chapelle de la Glière, appelée aussi Notre-Dame des Bergers, surplombe le Plan de la Glière. La majorité des familles cessent leur randonnée en ces lieux baignés par une lumière chaude et une brise légère. Le panorama grandiose sur les falaises et les glaciers du Grand Bec, des Volnets, de la Glière, de l'Épéna, de la Grande Casse et de la Grande Motte, permet de contempler une faune et une flore absolument remarquables.

Reprenant le fil de mon étape, je gagne en altitude vers le Sud-Est pour rejoindre une piste carrossable qui conduit directement au Chalet du Plan du Sel (2200 m), une fabrique du Beaufort d'alpage. À l'heure de mon passage (13h), il est fermé au public. C'est ici que je croise une famille déjà rencontrée la veille au soir au refuge de Plaisance. Ils ont d'abord grimpé jusqu'au col de Plan Séry, puis ont franchi le col de la Grassaz avant de descendre vers le Plan du Sel. Après quelques échanges de paroles d'amabilité, nous poursuivons chacun notre route.

Une intersection indique à gauche la direction pour le col de la Grassaz et à droite le col du Palet, ma destination. Non loin, quelques vaches Abondances et Tarines s'abreuvent ou font la sieste sur une zone de pâturage, proche du Chalet des Gardes. Une marmotte jaillit de derrière une pierre et traverse le petit chemin herbeux ; j'ai à peine le temps de dégainer mon appareil photo pour la saisir floue en pleine course. Ailleurs, je parviens à capturer en image une autre marmotte perchée sur son rocher, aux aguets dans une position qui facilite une large surveillance de son territoire. Je continue à grimper en altitude, de plus en plus haut, entre nuages plus nombreux et brèves éclaircies. Me voilà sur l'immense plateau du Chalet du Grand Plan (2336 m), face à un versant de la Grande Casse. Le petit Lac du Grand Plan (2480 m) est en approche avec vue sur la Crête des Vés. Une nouvelle halte est grandement apprécié pour mieux regarder en arrière le paysage s'élargissant sur le massif du Grand Bec. De ce point de vue très minéral, les glaciers se réduisent à peau de chagrin au fil des années.

Avec les 1100 mètres déjà accomplis depuis le Laisonnay, la fatigue me submerge, les épaules s'alourdissent et les jambes deviennent des bouts de bois. Cette très longue montée sur un sentier presque désert prend fin dans une grande zone de gypses. Le col de la Croix des Frêtes (2647 m) est à portée de vue, enfin ! Lieu de passage entre les vallons de Rosuel et de la Glière, le col permet de gagner le col du Palet en 5 minutes et la station de Tignes au-delà. L'endroit est aussi couvert d'un magnifique parterre fleuri qui entre en contraste avec un univers minéral et une formation gypseuse. Le ciel chargé de nuages gris assombrit un panorama qui vacille entre ensoleillement et obscurcissement. Depuis le col du Palet (2652 m), vue plongeante sur le lac du Grattaleu, entouré de schistes et de prairies humides. Dans le lointain ombragé vers le Nord, se détachent les silhouettes du sommet de Bellecôte, du Dôme de la Sache et du Mont Pourri.

Le refuge du Col du Palet (2600 m) se découvre légèrement en contrebas. Étape du GR5 et du Tour de la Vallaisonnay, l'altitude du refuge en fait l'un des plus hauts de la Vanoise et, avec sa pile à hydrogène installée en 2015, il est aujourd'hui 100% énergie renouvelable au cœur du Parc national de la Vanoise.

Cette fin de journée est particulière car une représentation artistique s'est tenu sur la terrasse du refuge du Col du Palet. Dès 18h, la compagnie de cirque contemporain "Dos Mundos al-Arte" propose une animation menée tambour battant et intitulée "Spectacle à Dos". Depuis au moins 3 ans, créée par Céline Bulteau, la troupe ambulante prend l'habitude de vagabonder de refuge en refuge pour amuser autant les petits que les grands dans un cadre de montagne exceptionnel, que ce soit dans le parc de la Vanoise que dans celui des Écrins. Ayant déjà fait leur connaissance en 2017 au refuge de la Valette, je m'autorise après leur représentation de dialoguer avec le trio d'artistes juste avant le dîner. En début de soirée, ils m'ont permis de faire quelques photos particulières avec mes mascottes #DuoSolidaire et leurs instruments de musique. Nous avons débattu sur une philosophie commune sur le respect, la solidarité, le partage ; des valeurs qui s'amplifient et s'enrichissent en montagne. Et ensemble, avec d'autres randonneurs, nous avons levé le verre de l'amitié avec du génépi maison... Rien de mieux que de terminer cette journée longue et éprouvante par un remontant tonique au soleil couchant !

Photos du Spectacle à Dos

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05-08-2019 21:30

Refuge de Plaisance - Laisonnay d'en Haut - Refuge du Col du Palet (2587 m)

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