Trekking Refuge du Mont Pourri - Refuge de Plaisance (Traversée de la Vanoise)

Date de l'étape : 04 août 2019

Altitude maxi : 2609 m

Dénivelé + : 480 m

Dénivelé - : 4400 m

Durée : 6h00

Ma première nuit aux portes de la Vanoise fut reposante : à aucun moment je n'ai été chahuté par des ronflements intempestifs de mes voisins de chambrée. Dès l'aube, je reprends le cours de mon itinéraire sans petit-déjeuner en m'éloignant du refuge du Mont Pourri. Ici débutait vraiment mon aventure pédestre et alpestre, à la rencontre des glaciers, de la faune sauvage et des gardiens et gardiennes qui, par leur dévouement, rendent convivial et attractif un environnement supposé par endroits inhospitalier.

Sous la surveillance du Mont Pourri (3779 m), second sommet de la Vanoise après la Grande Casse (3855 m), et en perspective de la Grande Motte (3653 m), j'entame une descente raide à travers les éboulis, en admirant les cascades des glaciers, jusqu'en amont du vallon de Rosuel au-dessus de Peisey-Nancroix. À cette heure matinale, la piste sur le flanc Ouest du Mont Pourri se trouve encore dans l'ombre froide et piquante. Je surplombe des gorges très escarpées et impressionnantes. En contrebas, j'arrive à un replat qui représente la partie supérieure de la vallée du Ponthurin.

Le Ponthurin, appelé aussi Nant de Peisey, est un torrent qui démarre depuis le Lac de la Plagne (2144 m), dans le Parc National de la Vanoise, et poursuit sa course jusqu'au vallon de Rosuel (Peisey-Nancroix). Le début de son parcours est relativement paisible et sinueux, les troupeaux de vaches pouvant s'y abreuver, essentiellement à hauteur du Lac de la Plagne. C'est là que je rejoins le GR5. Ici également que je passe de l'ombre à la lumière flamboyante. Et que je fais connaissance au bord du chemin avec une marmotte grassouillette prenant au sérieux son rôle de gardienne à travers son sifflement strident. Sur la rive droite, je dépasse les chalets de La Plagne (2100 m) et continue en direction du Lac de la Plagne, que je contourne par la rive gauche. La Grande Motte me fait face, à ma gauche se dresse le majestueux Dôme de la Sache, situé dans le prolongement sud de la crête partant du Mont Pourri, et à ma droite la haute pyramide de l'Aliet me domine.

Bien vite, je gagne les limites du refuge d'Entre le Lac (2145 m), ancienne bergerie aménagée, où j'ai conclu l'année précédente une randonnée de 5 jours sur Les Hauts de la Vanoise. Situé au fond d'un ancien cirque glaciaire, le refuge est calme, aucune vache tarine à l'horizon, personne sur les terrasses à l'ombre des parasols. Je continue mon tracé par un sentier derrière le refuge qui s'élève jusqu'au Col du Plan Séry. Désormais, cette partie du parcours est très exposée au soleil. Parfois la chaleur me ralentit dans la montée, essoufflé. Mais à chaque fois, en me retournant, j'ai la vision agréable d'un panorama éblouissant qui s'étire sur un ensemble montagneux : le Dôme de la Sache perché en Haute Tarentaise, l'imposant sommet de Bellecôte, la face Sud du Mont Blanc de Peisey, avec à ses pieds le Lac de la Plagne.

Après des arrêts intempestifs pour récupérer mon souffle, me voilà au Col du Plan Séry (2609 m). Dominé par le Tuf de la Grassaz et la Pointe de la Vallaisonnay, le col relie la vallée de Peisey-Nancroix à celle de Champagny-le-Haut. Je déjeune finalement sur place, en haut d'une butte qui surplombe le grand plateau du Plan Séry (2488 m), ancien lac glaciaire asséché, dont le fond est blanchi par les alluvions d'un proche versant. À nouveau, je prends le temps d'observer le paysage, immense et magnifique, d'une pureté incroyable. Des cascades par dizaines pimentent ma réflexion. L'endroit évoque une cuvette, parsemée de nombreux gypses et où il est peu rare de trouver un tapis d'edelweiss.

Au départ du Plan Séry, une nouvelle descente serpente tranquillement sur un sentier cairné qui s'ouvre sur le beau massif du Grand Bec, encore saupoudré d'une intense couche neigeuse. Quelques marmottes joueuses se faufilent entre les rochers et l'herbe grasse, parfois en sifflant au passage les randonneurs. Le tracé se poursuit sous la Roche des Chèvres, en balcon d'un vallon verdoyant fermé au Nord par l'incroyable Cirque du Cul du Nant. Là encore, ainsi que depuis le début de la journée, la face Sud du sommet de Bellecôte s'affiche tel un conquérant. Plus loin, un marquage sur une face rocheuse mentionne la limite du Parc national de la Vanoise. Une pente plus raide et en lacets vagabonde 200 mètres plus bas jusqu'à une vaste prairie traversée par le ruisseau du Py, qui prend sa source au glacier du Midi de Bellecôte. Dans le prolongement de ses eaux tumultueuses, tournant le dos au Cirque du Cul du Nant, la dernière ligne droite de mon étape du jour me mène direct au refuge de Plaisance (2170 m).

Au pied du massif de Bellecôte, le refuge est constitué de deux chalets Chaloin accolés aux toits en lauze — celui de gauche contient le réfectoire et la cuisine, alors que celui de droite c'est un dortoir de 38 places. Sa terrasse aménagée sublime une vue imprenable sur des hauts sommets de +3000 m : orientée plein Sud, elle s'élargie avec délectation sur le Grand Bec, la Becca Motta, les glaciers du Troquairou et des Volnets, les pointes du Vallonet et de la Grande Glière. Tenu par un jeune couple, Manon et Bastien, le refuge de Plaisance est baigné par le ruisseau du Py, se frayant un chemin entre les dalles rocheuses et se fracassant sur les pierres. Plein de monde sur ses rives humides, de jeunes enfants sautillant entre les remous, d'une berge à l'autre, tandis que les parents plongent leurs pieds meurtris dans l'eau glacée. Rapidement, je prends exemple en me déchaussant. C'est vrai que cela fait du bien de tremper ses jambes dans ce tourbillon dynamisant, mieux que les stations thermales !

J'ai déjà arpenté le vallon de La Vallaisonnay durant mon trekking sur Les Hauts de la Vanoise. Mon étape au-dessus de Champagny-le-Haut, au départ du refuge du Bois (1470 m), m'avait amené à faire une halte d'une heure au refuge de Plaisance. À l'époque, j'avais alors souhaité revenir par ici pour une nuitée afin de mieux apprécier l'environnement et la vue.

Au dîner, je me suis attablé avec un couple anglais et une famille française. L'ambiance a été très conviviale pendant tout le repas, surtout grâce au dynamisme de Manon au service et Bastien à la cuisine. Je reste à table jusqu'à 21 heures passées pour jouer avec d'autres marcheurs, puis le sommeil venant je fais une froide et courte balade au clair de lune avant de regagner le chalet-dortoir.

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04-08-2019 09:35

Refuge du Mont Pourri - Col du Plan Séry - Refuge de Plaisance (2170 m)

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